A Sefrou, dans un derb étroit et caché se trouve le Dar Attamani. Sa situation au sein de la médina lui offre un certain charme. Dans le quartier Bastna, quartier populaire, c’est Michael Serra qui est le propriétaire de cette maison. Né à Dijon, il y a bientôt 39 ans et professeur d’Education Physique et Sportive au Lycée Français Paul Valery de Meknès, il a un coup de cœur pour Sefrou il y a des dizaines d’années et décide d’en faire son premier chez lui. Il est au Maroc tout au long de l’année sauf en été où il en profite afin de retrouver la France.
L’achat d’un dar au coeur de Sefrou
Marié et papa d’une petite princesse de deux ans qui porte le doux prénom de Shérazade, Michael se caractérise comme étant un voyageur dans l’âme. « En 1998, j’ai découvert le Maroc et les dar. J’ai appris leur histoire mais aussi l’apaisement que ces maisons dégagent. » A cette époque, leur prix d’acquisition est très faible, alors il se lance et devient ainsi propriétaire. « Pourquoi Sefrou particulièrement ? C’est un peu le hasard. J’y étais passé lors de mon premier séjour et de mes premières vacances scolaires. J’y suis repassé et j’ai trouvé l’endroit inchangé, pittoresque, et vraiment authentique. Sa médina est à ma connaissance la seule ayant encore des forgerons et des ébénistes fabriquant des araires. » Derrière cet achat, il n’y a à la base aucun business plan. Il s’agit simplement d’un achat personnel. « Il est vrai que 300 m2 pour un célibataire à l’époque et en plus en lieu de villégiature, ça n’avait pas vraiment de sens. » Ses amis français lui disent vouloir venir en vacances sur place en son absence, quant à ses amis marocains, ils ont tout simplement envie d’y travailler. « J’ai observé qu’il n’y avait pas d’hébergement décent dans la ville donc j’ai ouvert progressivement ce dar. Entre 2005 et 2008, j’ai d’abord rendu accessible le rez-de-chaussée puis le premier étage et enfin le sous-sol. » Est venu s’ajouter le hammam et s’ajoutera une future chambre bientôt.
Les joies de l’administration marocaine, mais…
Et la mise en place de ce dar n’a pas été de tout repos ! « Administrativement parlant, faire que cette maison soit officielle a été très difficile. Nous pensions que cela était dû au fait que Sefrou restait en dehors des sentiers battus ou encore que la ville était dépendante de Fès qui désirait garder son hégémonie touristique. » A Meknès, où il est professeur, Michael a acheté un riad afin d’ouvrir un restaurant traditionnel. Malheureusement ce projet n’a pas vu le jour. « L’administration dans le domaine semble être gangrenée par une sorte d’incompétence et surtout de personnes malveillantes. Nous avons attendu trois ans. Mais aujourd’hui, il n’y a rien ! » Michael aimerait développer des gîtes dans la région autour de Sefrou cependant il est lassé… Lassé de faire les frais, tout particulièrement des répercussions du printemps arabe qui ont mis le secteur de l’hôtellerie dans un état catastrophique. « J’aurais peut-être mis la clef sous la porte si mon activité principale dépendait justement du secteur. » D’après Michael, vivre au Maroc est comme vivre partout. « Il y a de bonnes choses et d’autres pour lesquelles il faut s’accommoder. » Et le bilan est plus que positif. Les découvertes continuent à chaque sortie. « J’ai un travail que j’aime, une belle maison et surtout ma famille. J’ai une vie hors du commun si je la compare à celle de mes amis d’hier en France. J’ai aussi un pouvoir d’achat qui me permet de ne pas me poser de questions même si la vie de tous est devenue plus difficile. »
Dans tout ça, le Dar Attamani de Sefrou peut profiter d’un environnement, d’une région magnifique à faire découvrir aux touristes. « On retrouve les grandes cascades d’Aïn Regrag, le lac bleu d’El Outia, l’oued Sebou aux rives fleuries de lauriers roses, les souks de Guigou ou Ribat El Kheir, ville plus connue sous le nom de Ahermoumou, la mine d’argonite de Tazouta, le village de pierre de Taferdaous, le djebel Bouiblane. ». De quoi avoir envie de faire un tour du côté de Sefrou !
N’oublions pas, dans la région de Sefrou, les gorges du Sebou entre Sefrou et El Menzel, et la source du même cours d’eau, l’Aïn Sebou, entre El Menzel et Ahermoumou (qui est le vrai nom, et le seul nom, de Ribat El Kheir).
Rectification faite. Mille excuses 😉