3 ans d’absence auprès d’un pays pourtant aimé et auprès d’une famille qui manquait tant. 3 ans c’est long. Presque 1 095 jours. Du lever au coucher du soleil. Alors partir une semaine fait du bien. Certes cela ne rattrapera pas le temps perdu mais aidera à se ressourcer, à revenir au début de notre histoire. A retrouver ces visages si familiers et aujourd’hui changés par ces 1095 jours.
L’Oriental, la découverte…
Le Nord du Maroc ? Inconnu jusqu’à présent. Jamais mis les pieds. Jamais visité. Mais les occasions sont faites pour se présenter. En arrivant à l’aéroport d’Oujda, la nuit bien tombée, impossible de voir les choses réellement. La lumière artificielle des réverbères, lorsque présents, n’offre rien. Route est prise pour Berkane, au gré des descentes, des pleins phares, des véhicules trop lents, des piétons suicidaires des bords de route, des chauffards de la nuit… Quelques heures plus tard au réveil, la journée de samedi est lancée. Visite de membres de la famille habitant la campagne. Des néfliers. Des citronniers. Des clémentiniers. Les agriculteurs bichonnent la terre. La pompe fait remonter l’eau. Un chien dort à l’ombre d’une voiture qui a dépassé l’âge de la retraite. A plus d’une vingtaine de kilomètres de là, rencontre avec la Mer Méditerranée, loin du périph’ parisien et des conseils de Bison Futé. L’air marin, le bruit des vagues, le soleil dépaysent. Place est prise dans un restaurant de poisson. Paris semble à des années lumière. Puis la Mercedes nous mène à Madagh et par la suite à Saidia, à quelques pas de la frontière algérienne. Impressionnant de voir au loin six drapeaux : trois côté marocain et trois côté algérien, afin d’identifier le territoire de chacun pour une frontière fermée depuis des années déjà ! Dimanche est consacré à la visite d’autres membres de la famille dans la campagne à nouveau, où les cultures de fruits et légumes rythment le quotidien. Et les fleurs si belles offrent leur plus beau parfum. Suivront une balade à Tafoughelt, un arrêt pour manger des escargots. La rencontre avec un paysage tombé du ciel, créé par une force surpuissante. Lundi marque le départ pour Fez après avoir visité Oujda. A 21h10, le train quitte le quai de la gare, direction le sud. Six heures à observer le ciel étoilé, les villes paisibles traversées lorsque les paupières ne veulent pas se fermer.
Fez et Sefrou… Retour aux lieux connus
3h du matin. Mardi. Voici Fez endormi. Bien loin de sa circulation très souvent compliquée. Dans très peu de temps, l’appel à la prière retentira dans chaque rue. La première prière de la journée. Fajr. Il faut encore faire de la route afin de rejoindre Sefrou, la ville des cerises. Une ville magnifique au passé si riche ayant abrité et abritant toujours différentes religions. Des remparts. Une médina. Des cascades. Mardi est consacré à faire son tour. Se promener à pieds. Profiter du beau temps. Voir les gens assis, prenant un café, un verre de thé. Retrouver la ville tout simplement. Prendre des nouvelles de sa vie. Ecouter sa respiration. Voir au loin le mausolée de Sidi Bousserghine où les gens vont se recueillir, persuadés que la fin de leurs malheurs viendrait de là, comme si Dieu ne leur suffisait pas. Se souvenir de cet été 1996. Cette saison au cours de laquelle on découvrait Sefrou réellement, nouvellement habitants de cette ville qui commençait à se construire. Ou encore rester juste à la maison, passer de pièce en pièce comme pour tomber sur les ombres des êtres tenant les premiers rôles dans nos souvenirs… Mercredi, Fez s’est présenté à nous. Particulièrement Moulay Yacoub dans la matinée. Cette station balnéaire à l’eau chargée en soufre et aux vertus médicinales. A 9h, il n’y a pas grand monde par ici. Contrairement aux étés si bruyants. Le mois de mai est plus calme. Il fait bon de venir à cette période. Quelques courses et un repas plus tard, l’après-midi nous donne la possibilité de visiter la médina. Le soleil s’étire de tous ses rayons. Aux alentours de 17h, en reprenant le chemin pour Sefrou en taxi, certes la fatigue est présente mais le plaisir d’avoir revu Fez est grand. Avant d’aller retrouver Ahermoumou le lendemain.
Ahermoumou et Zloul… Les racines profondes
Jeudi, très tôt, nous prenons la direction de Ahermoumou. Un retour dans une petite ville qui a bercé notre enfance. Un lieu familial. Un endroit qui ne change pas. Les rues, les maisons sont restées les mêmes. Le petit parc est toujours là. Le centre ville si simple et la mosquée si belle. Les arbres ont vieilli mais sont comme éternellement debout. Ahermoumou est un joyau donnant vue sur ces si belles montagnes encore habillées de quelques centimètres de neige. Ahermoumou est un saut en arrière, dans le passé. Son histoire est liée au coup d’état mené contre Hassan II, à Skhirat dans les années 70. Voilà pourquoi Ahermoumou s’appelle aussi Ribat el Kheir. Une terre aux deux noms. Mais les « vrais » savent que Ahermoumou est Ahermoumou. Nous sommes passés de maison en maison pour vérifier que nos Beni Warayin étaient encore sur pieds, que la santé était au beau fixe malgré les aléas de la vie. Dans chaque bouche, la même formule, « Louanges à Dieu » parce qu’ils respirent, parce qu’ils vivent bien que certains êtres soient partis, laissant tristesse et nostalgie. C’est en croisant les visages des nouvelles générations que l’on se rend vite compte que les Beni Warayin ne mourront pas. Ce même jeudi nous donnera la possibilité de retrouver Zloul, notre terre faite d’oliviers. Habituellement, en été, il n’y a pas grand chose de vert. Mais devant nos yeux, en ce mois de mai, c’est une nature si verte qui fait le décor. Un petit coin de campagne. Du silence. Pas de circulation. Le temps s’est comme arrêté. L’Homme est revenu à la terre et arrose les oliviers, tout juste plantés. L’Homme aide à la vie. En fin de journée, en quittant Ahermoumou pour retrouver Sefrou, on se dit que ces retrouvailles ont été bien trop courtes. C’est au revoir qu’il faut dire à Ahermoumou, repasser par El Menzel pour revoir Sefrou. Vendredi sera simple. Vendredi sera un jour de prière à la mosquée. Avant que samedi ne vienne nous rappeler qu’vol nous attend pour rejoindre Paris. Après une semaine passée ici, auprès de notre famille entre verres de thé et appels à la prière… Quand reviendrons-nous ?
Belle description des sentiments ressentis en retrouvant ses racines après une longue absence dans un pays d’une civilisation différente de celle de ses origines.
Trés beau texte, trés émouvant sur le retour vers ses racines, et les retrouvailles avec toutes les petites habitudes perdues pleine de souvenirs qui donnent un sens a notre vie. Bel hommage♥
Date: Mon, 20 May 2013 09:03:51 +0000
To: monabelair@hotmail.fr