FEMEN : un instrument de déstabilisation, d’asservissement des femmes – par Salima B.

Pour cet édito’, le blog laisse la parole à Salima B. afin de parler du mouvement FEMEN… Dans un souci de bienséance, l’auteur n’a pas intégré certaines captures écran de visuels suggestifs et choquants. 

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Ce qui spécifie le féminisme français de la fin des années 60 est la réaction contre-courant de ces femmes qui, pour manifester leurs libertés dans une société où le corps était tabou, avaient décidé d’afficher comme « support / moyen » de communication leur nudité et d’exploiter le choc et les polémiques que ce geste générerait.  A cette même période, le Women’s Lib influença ce féminisme, entre autre avec le Mouvement de libération de la femme. A l’époque il était personnifié par des figures « emblématiques » notamment celle de Simone de Beauvoir.… Depuis, ce mouvement peine à trouver des représentantes de cette envergure. Les chiennes de garde ont été un ersatz de mouvements féministes, et d’une façon différente, « Ni Putes, Ni Soumises » a joué la version « exotico-orientale » pour ne citer que ce mouvement.

Au 21ème siècle, et plus précisément ces derniers temps, les médias mettent en avant les FEMEN considérées comme le summum de la libération et les « saintes patronnes » du féminisme. Une question se pose : pourquoi les FEMEN ? En effet, ce groupe créé en 2008, trouvant ses racines en Ukraine, fait en peu de temps la une et s’étend internationalement un peu à la manière d’une nouvelle idéologie ou d’un nouveau hit planétaire. Cela suscite quelques réactions, esprit d’examen oblige, d’autant plus que toutes ces représentations et tous ces déplacements nécessitent des fonds substantiels. Par conséquent, les premières interrogations fusent…

Qui finance le FEMEN ?

Tout d’abord, il est important d’expliquer que les FEMEN ne donnent aucune information sur le mode de financement de leur « groupe ». L’appellation « groupe » est délibérément utilisée puisqu’aucune information sur le statut de ce groupe n’est présentée. Est-ce une association loi 1901 pour la partie FEMEN France ? Rien n’est détaillé. Il reste donc à glaner ça et là des informations.

Plusieurs théories sur leur financement co-existent, Wikipédia relayerait par exemple les dires du site La Voix de la Russie qui explique que « ce mouvement est financé et soutenu par l’Occident, largement encouragé par le mainstream médiatique, et éloigné des préoccupations populaires et nationales suite à sa politisation progressive visible dans la multiplication des attaques lancées contre les leaders d’Europe orientale : Vladimir Poutine, Alexandre Loukachenko, Victor Ianoukovitch ou leurs alliés européens,  Sylvio Berlusconi en tête ». Toujours sur le même site, les FEMEN seraient financées par « le milliardaire allemand Helmut Geier, la femme d’affaires allemande Beat Schober et l’homme d’affaires américain Jed Sunden ».

D’autres sources associeraient les FEMEN à Georges Soros, un magnat à la tête de réseaux d’influence, par le biais de sa fondation et ses actions « philanthropiques » dans les pays de l’Est. On remarque que chacune de ces personnalités est liée à des efforts de déstabilisation. Cela laisse donc perplexe sur les motivations du groupe. Réels intérêts de défense des droits de la femme ou campagne de déstabilisation et de propagation d’idéologies. En France, on note un soutien indéfectible de « personnalités » notamment Caroline Fourest. Complètement acquise à la cause FEMEN, cette constante subjectivité dans ses articles lui dessert car cela lui fait perdre toute crédibilité. Mécanique des réseaux oblige, on la laisse toutefois abreuver la première partie des programmes du service public par des documentaires à l’objectivité douteuse entre autres sur les FEMEN. Pourquoi ? A la vue des éléments présentés plus haut, on peut d’ores et déjà souligner le caractère opaque de ce groupe qui pourtant est mis en lumière dans les médias. Pourquoi n’y a-t-il pas de transparence ?

FEMEN, quelle idéologie finale ?

Lorsque l’on prend des renseignements sur le site web des FEMEN, rubrique contact, on observe de  manière ahurie l’utilisation caractéristique de la croix gammée. Il ne s’agit pas d’un svastika, mais l’inclinaison 45° est sans appel. Sur disque blanc, elle aurait rappelé l’insigne de la NSDAP (parti national-socialiste des travailleurs allemands) et le Troisième Reich, sur un carré blanc les jeunesses hitlériennes. Pourquoi cet usage n’est pas condamné alors qu’en France, la croix gammée est définie par la jurisprudence comme un symbole de l’idéologie nazie. Personne ne réagit ? Apparemment, il est de bon ton de passer outre. A présent, l’affichage clairement « anti sex-industry ». Cela aurait pu paraitre une grande cause, à l’heure où même une publicité pour une marque yaourt est « sexuellement suggestive » et pourrait faire l’objet d’un pictogramme « interdit au moins de 18 ans ». En réalité, la crédibilité du groupe est une fois de plus mise à mal par la découverte du « pot-aux-rose ». Et c’est le site Wikistrike qui soulève la polémique. Celui-ci, relate que certaines des activistes des FEMEN seraient des escorts-girls (NDLR : concept plus joli pour qualifier les prostituées qui n’officient pas dans la rue ou presque…) et qu’une de ses représentantes proposerait corps contre monnaie. Pas très « anti sex industry »…

La stratégie de communication des FEMEN : la nudité

Si les années 70 étaient marquées par le tabou lié au corps, et plus particulièrement la nudité, la fin du 20ème siècle et le début du 21ème siècle est clairement moins pudique. Explosion du marché pornographique, libération des mœurs et pratiques, scandales de mœurs dans les plus hautes sphères de l’Etat… Peut-on considérer pour autant que la nudité est la norme ? Non et heureusement que des lois punissent l’exhibitionnisme. Et sur ce point qu’en est-il ? Pourquoi se fait-on agresser visuellement par des femmes nues ? On remarque d’emblée, un traitement différent de la nudité d’un pays à l’autre. Effectivement, en France alors même qu’une loi condamne  ces comportements qu’elle définit par ailleurs, comme une « exhibition sexuelle imposée à la vue d’autrui dans un lieu accessible aux regards du public », punie d’un an d’emprisonnement et de 15000 euros d’amende, aucune mesure disciplinaire n’est engagée notamment par les forces de l’ordre.

Ainsi, il semble qu’en France cela ne soit pas d’actualité. Pourtant, au Royaume-Uni durant les derniers Jeux Olympiques, des FEMEN, seins nus, ont défilé dans la rue et ont été arrêtées par les forces de l’ordre et « couvertes ». Pourquoi au Royaume Uni, y a-t-il respect et application des lois liées à la condamnation de l’exhibitionnisme et au trouble à l’ordre public ; alors qu’en France cela n’est même pas abordée ? Pour quelles raisons ? Serait-ce parce que la nudité a pour objectif de marquer les esprits ? La méthode ne fonctionne pas ! Un récent sondage publié sur Newsring montre qu’à 73%, la nudité n’aide pas à mieux défendre ses idées. Par conséquent, ce qui faisait de la nudité une position contre-courant et polémique dans les années 60-70 ne l’est plus actuellement. Pourquoi utiliser du réchauffé ? Montrer sa poitrine en scandant des slogans tellement râbachés en l’occurrence « mon corps m’appartient », quand en réalité moyennant rétribution il est possible de se l’offrir pour quelques écus : absolument pas convaincant. C’est même pathétique. Pour les FEMEN (et autres mouvements dits féministes), révolutionnaire serait l’emploi de slogans appelant à défendre le droit de se couvrir, en se couvrant par la même occasion !

En effet, si les normes liées à la pudeur ont « évolué » vers une quasi inexistence de vêtement, la logique nous amène donc à faire la conclusion suivante : défendre la position de couvrir son corps et choisir de couvrir son corps sont davantage « contre-courant » dans un environnement hyper sexualisé ! En d’autres termes, les revendications de liberté et de lutte contre l’aliénation des femmes, faites par des femmes couvertes et/ou voilées seraient bien plus contre-courant. Elles interpelleraient davantage. Ce qui est étrange c’est que ces revendications portées par des femmes couvertes et/ou voilées existent, mais ces voix sont tues…

LES FEMEN ou la pensée universelle.

Les FEMEN sont parties en guerre contre les islamistes. Les islamistes seraient, d’après leur définition, des intégristes musulmans bafouant les droits des femmes. Elles parviendraient donc à distinguer les Musulmans et manifestent des lieux de cultes… musulmans. Par conséquent, deux constats s’imposent : soit les FEMEN considèrent les mosquées comme des repaires d’islamistes, auquel cas une invitation est lancée à la Direction Centrale des Renseignements Généraux d’arrêter toutes leurs enquêtes. Les FEMEN savent tout ; soit les FEMEN sont parties en guerre contre les Musulmans tout court. Et sur cette deuxième hypothèse, il semble que plusieurs éléments convergent. Tout d’abord par le fait que les slogans n’attaquent pas « une frange bien précise extrémiste », pour reprendre leur qualification (aucunement partagée, précision importante !) mais une communauté dans son ensemble.

En effet, lorsque devant une mosquée on scande « Fuck your morals » on porte non plus une revendication mais une attaque à l’encontre d’une croyance. Lorsque l’on se rassemble devant une ambassade avec le message suivant «  mon corps m’appartient il n’est l’honneur de personne » ont fait vicieusement allusion aux crimes d’honneur. Les Musulmans ne pratiquent pas le crime d’honneur tout comme toutes les féministes ne sont pas castratrices. On appelle ça un préjugé. Et les préjugés sont censés être évités au nom de l’égalité, non ?l Apparemment, les FEMEN sont bien loin de ces considérations. Effectivement, lorsque l’on apparaît sur le parvis de la plus ancienne mosquée berlinoise avec des inscriptions type « freedom for women » (liberté pour les femmes) ou « fuck islamism », on considère d’emblée que toutes les femmes fréquentant la mosquée sont aliénées, que toutes les relations féminines des personnes fréquentant la mosquée sont aliénées, que tous les hommes qui y vont et viennent maltraitent en « avilissant, asservissant » les femmes qui les entourent. Et plus généralement que toutes les personnes étant de près ou de loin associées à cette mosquée sont des « islamistes », de vilaines, très vilaines personnes. Dernièrement, les FEMEN se sont illustrées en brûlant, seins nus, un drapeau sur lequel était inscrit la shahada, l’attestation de foi des Musulmans et le premier pilier de l’islam. Dénoncer des personnes que l’on considère extrémistes est une chose, pointer du doigt une communauté religieuse en est une autre. Mais heureusement, les FEMEN sont là pour libérer les otages.

FEMEN : la théorie du Syndrome de Stockholm chez les femmes musulmanes ?

Les FEMEN sont-elles les sauveuses des droits des femmes musulmanes ? En tout cas, elles le prétendent ! En effet, elles ont unilatéralement décidé que les femmes musulmanes ne pouvaient qu’être victimes d’un système et en bon « amo blanco » (maitre blanc du temps de l’esclavagisme), elles sont là telles des Furies pour rendre justice contre cette oppression intolérable et cette manière de se vêtir « subie par ces pauvres musulmanes »? Les FEMEN ont tranché : porter le voile est une soumission ; couvrir son corps est une aliénation de la femme ! Pourtant, pour les femmes voilées qui s’expriment malgré la difficulté, le voile est un choix, tout comme se vêtir sobrement aussi.

Pourquoi les FEMEN n’entendent elles pas ce message ? Parce que les FEMEN ont également tranché, soit les femmes musulmanes sont entièrement soumises et elles ne peuvent pas se libérer elles même de leurs bourreaux ; soit, pour celles qui se défendent d’avoir fait le choix, seules, de se voiler, les FEMEN ont également décidé : ces dernières seraient victimes d’une espèce de « Syndrome de Stockholm ». Elles auraient, presque, adopté les causes de leurs tortionnaires. Ceci explique cela… Les FEMEN sont là pour sauver les femmes du joug de ces hommes, islamistes de surcroit. Elles sont présentes pour les sauver et leur apprendre à être libres. Ces mots sont importants.

Les FEMEN ou la vision néo-coloniale de la liberté de la femme.

Les FEMEN correspondent à une vision occidentale de ce que devrait être le rôle, la position ou la vie d’une femme libre… comme elles. Tout ce qui ne correspond pas à cette définition est à changer et à condamner coûte que coûte. Au final, il s’agit d’une uniformisation sur un modèle. Une expédition digne des missions néocoloniales dévouées, consacrées à l’éducation de « ces » populations. L’éducation de ces femmes à qui l’on a nié le droit à l’auto-détermination, celui de pouvoir se vêtir et de choisir ce qu’elles souhaitent librement, au prétexte que cela contrevient à l’idée de liberté des FEMEN. La liberté n’est-elle pas différente d’un individu à l’autre ? Pourquoi ce besoin invraisemblable, une fois encore, de vouloir globaliser l’idée de liberté féminine ? De la rendre conforme à cette morale que les médias considèrent bien-pensante ?

Le groupe des FEMEN n’est en rien représentatif. C’est un groupuscule médiatique qui n’a, apparemment, aucune revendication fondée, tangible et argumentée. C’est un capharnaüm de personnes voulant étendre leur conception de la liberté féminine, se débarrasser de l’asservissement des hommes, islamistes qui plus est. Ce qui est à noter en réalité c’est qu’en se portant en faux contre le hijab (ou voile porté par les femmes musulmanes), qu’elles dénoncent comme partie de l’asservissement des femmes, elles tombent dans un cliché attribué aux femmes, celui de « commentatrices vestimentaire », « fashion victims »… Cliché que les mouvements féministes ont toujours combattu.

En niant, le droit d’un individu à pratiquer sa religion, les FEMEN ne font qu’aliéner le droit d’un individu à la liberté de culte. En niant le droit le plus basique d’une femme à se vêtir comme bon lui semble, comme elle le souhaite, les FEMEN n’élèvent pas le débat, elles le réduisent à des « discussions chiffons » à des préoccupations superficielles. Les FEMEN disent lutter pour la liberté des femmes ? Si tel est le cas, les FEMEN devraient lutter pour défendre le choix que les femmes font de se voiler. Actuellement, les femmes qui ont décidé de porter le voile sont poussées à devoir faire un choix entre leur liberté de culte ou liberté individuelle (porter un voile) et leur insertion professionnelle. Effectivement, en considérant le voile comme une aliénation, les FEMEN rendent légitime le fait de vouloir obliger ces femmes à abandonner leur choix de se couvrir en légiférant.

Travail ou spiritualité ? Est-il nécessaire de créer des oppositions lorsqu’il n’y en a pas ? Voilà comment  les FEMEN, tout en se targuant d’être les « défenseures des droits des femmes », sont devenues des instruments de déstabilisation, d’asservissement des femmes.

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Sources :  
http://french.ruvr.ru/2012_09_22/femen
http://www.infoguerre.fr/fichiers/FondationSoros.pdf
http://www.huffingtonpost.fr/caroline-fourest/femen-notre-dame-feminisme_b_2684029.html
http://www.dailymail.co.uk/news/article-2182630/London-Olympics-2012-Topless-Ukrainian-feminists-stage-protest-Londons-Tower-Bridge.html
http://www.newsring.fr/societe/28-la-nudite-aide-t-elle-a-mieux-defendre-ses-idees.
http://www.liberation.fr/monde/2013/04/04/les-militantes-femen-manifestent-en-europe-contre-l-islamisme_893705
http://www.mag14.com/actuel/39-monde/1779-les-femen-brulent-un-drapeau-portant-la-shahada-a-paris.html

Une réflexion sur “FEMEN : un instrument de déstabilisation, d’asservissement des femmes – par Salima B.

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