Vendredi 16 novembre. Il est 20h40 à Gaza lorsque j’appelle Amir Hassan. Il y a plusieurs tonalités mais enfin il répond. Comment débuter notre conversation téléphonique ? A cette heure-ci la Bande de Gaza est dans l’obscurité. La nuit est tombée et l’électricité doit être coupée dans quelques heures, d’après Amir. Et dire qu’il y a quelques semaines à peine, lorsqu’Amir était en France, il disait avec le sourire que Saint Denis ressemblait à Gaza mais sans les bombardements ! D’ailleurs Amir est retourné à Gaza le 14 novembre dernier soit au commencement des opérations israéliennes. Alors au bout du fil, il me dit que tout est difficile. Les bombardements sont à chaque instant. Lui et sa famille ne peuvent rien faire excepté suivre la situation dans les médias. Les journalistes donnent les lieux des bombardements, le nombre des victimes. « Il y a trois frères d’une même famille morts en martyr. Il y a un bébé de 10 mois. » Les rues de Gaza sont désertes. La ville est devenue morte. Personne ne s’aventure dans les quartiers. Ces tués, ces martyrs comme dit Amir, sont attaqués chez eux. La Bande de Gaza est si petite, il y a tellement d’habitants, que même si Israël dit cibler ses frappes, il y a obligatoirement des victimes, des civils qui n’ont rien fait, qui n’ont rien demandé. « Forcément, si le bâtiment d’à côté est touché, nous sentirons la maison trembler, il y aura des éclats… » Ils l’ont déjà senti trembler plusieurs fois !
Personne ne s’attendait à cette attaque et donc ils n’ont pas pu faire de réserve de nourriture. Les magasins sont fermés et il faut pourtant se ravitailler. « Je dois sortir demain afin d’acheter du riz, du pain, de l’eau, des bougies, si cela est possible. C’est dangereux mais on ne peut pas faire autrement. Il y a aussi un journaliste de France Inter ici que j’aimerais bien rencontrer. Je vais essayer. » Benyamin Netanyahou a prévenu que la prochaine étape des opérations arriverait très vite. Amir me parle d’une incursion terrestre, de chars qui viendraient dans la Bande de Gaza. L’état hébreu a envoyé des sms sur les téléphones portables afin de demander aux gens de s’écarter des membres du Hamas. Amir a une certitude. Il sait qu’à un moment leur maison sera touchée. Il est en famille et vit à proximité de l’hôpital Shifa. « On entend les ambulances passées sans cesse. Lorsque je suis allé à l’hôpital avec mon père j’ai vu qu’il n’y avait pas assez de lits, de médicaments, de médecins. Il n’y a pas de moyen ! » C’est catastrophique. Le Ministre de la Santé a appelé les pays arabes à l’aide. La Tunisie et l’Egypte sont les pays qu’il me cite comme allant prochainement envoyer de l’aide. « En principe, ce samedi, les Egyptiens envoient un convoi de médicaments. » Ce vendredi, Amir a pu faire une chose : aller voir sa grand-mère qui habite en face de chez lui. Elle aussi attend, écoute les informations… Amir dit qu’ils sont habitués. Tandis que derrière lui, il y a un bruit. « Tu as entendu le bruit ? C’est un bombardement. » Malheureusement, ce sont les enfants qui ont du mal. Ils sont traumatisés. « Mon petit frère de six ans a eu peur et s’est blessé la main en tapant sur la table. Il a couru, apeuré. C’est dur de le réconforter. »
La nuit personne ne dort et même lorsqu’ils parviennent à fermer les yeux, c’est une explosion qui vient les réveiller, comme d’habitude. Et moi en tant que citoyenne d’un pays qui vit en paix, je me demande une seule chose, comment peut-on être habitué à ça ? Ce qui est sûr c’est que je continuerai à prendre des nouvelles d’Amir, des siens, de la situation réelle sur place. Amir m’avait écrit « Gaza l’Espoir » en dédicaçant un de ses livres. Alors je finis cet article par sa propre signature… « Gaza l’Espoir » !
Merci merci de redonner une image nette et precise de ce qui se passe la ba. La presse n’est plus ce qu’elle etait et les journalistes independants permettent de la faire revivre. Palestine j’espere un jour pouvoir te voir libre car depuis ma naissance je t’ai connu occupé et en etat de souffrance intense.
GAZA
GAZA la courageuse et GAZA la si belle
GAZA l’insoumise et GAZA la rebelle
GAZA opprimée, GAZA assassinée
GAZA engloutie dans le sang, dans le noir
Mais GAZA invaincue, mais GAZA obstinée
Mais GAZA se redresse mais c’est GAZA l’Espoir
Mais GAZA un beau jour sort enfin de la nuit
GAZA renait, revit, retrouve la lumière
Avec toi, GAZA, nous sommes tous solidaires
Pour lutter pour la Paix, la Justice, la VIE
Pays violenté, peuple dépossédé
Assassiné sans cesse en toute impunité
Liberté bâillonnée qui ne cesse de crier
Espoir jamais vaincu pour qu’enfin voit le jour
Sur terre un monde de Paix, de justice et d’Amour
Tenez bon ô mes sœurs et frères Palestiniens
Internationalement, vous avez le soutien
Non-violent et puissant de nous tous solidaires
Et oeuvrant avec vous pour la Paix sur la terre
Irène Pergent
Textes écrits dans le train pour Paris
16 novembre 2012
J’aime beaucoup. C’est magnifique !
merci! c’est si peu de chose quand on se sent tellement impuissant devant ce massacre et quand on souffre avec Amir en ne sachant que faire pour lui donner du courage!