
Rassemblement sur les ruines de la maison de la famille Al Dalou qui a perdu de nombreux membres sous les bombardements
Source : Facebook – International communities against Israel (2)
Dimanche 25 novembre, la coupure d’électricité à Gaza rendait bien difficile les communications téléphoniques. L’absence de courant a des impacts sur le réseau et être en ligne plus de cinq minutes avec Amir est un exploit. Par contre, ce lundi 26 novembre, nous pouvons discuter sans interruption. « L’électricité c’est la vie et sans ça on ne peut rien faire. Si on a besoin de chauffer l’eau on ne peut pas. Si on veut regarder la télévision, c’est pareil. Les rues sont noires lorsque la nuit tombe. En journée, les gens qui travaillent sur ordinateur sont pénalisés. Les étudiants aussi ! » Autre exemple ? Hier, Amir écrivait un poème sur son ordinateur qu’il a perdu à cause du blackout habituel. « Gaza est à l’époque de la bougie. Ca parait romantique mais on est sans électricité ! » Alors Amir vit presque en décalage, pour profiter de toutes les secondes où le courant est présent. « Je peux veiller très tard afin de regarder mes mails, travailler mon français sur Internet, écrire aussi… J’écris mes poèmes. Et surtout je lis également des livres. »
Et ce massacre qu’a subi la Bande de Gaza, Amir ne l’oublie pas. Tout simplement parce que ces jours meurtriers sont présents dans les rues. « Il y a toutes ces ruines. Le moral des gens est bas. Tout le monde se demande comment réparer ce qui a été détruit. Je suis retourné dans le centre académique pour les langues où je donnais des cours. Il y a des débris partout. Les vitres sont cassées, il y a des traces d’incendie… Il faudra faire des travaux mais ça va être difficile parce que nous n’avons pas les moyens. » Amir et sa collègue, qui donne des cours d’anglais, dispensaient des heures de langues de manière gratuite. Donc il leur faudrait trouver des fonds en contactant des associations, en attendant des aides du gouvernement. Mais Amir ne compte pas attendre et va proposer des stages de français dés le 1er décembre. « Israël ne doit pas nous empêcher de vivre, de travailler, d’apprendre… Je vais donner des cours aux adultes et aux enfants. »
Pour Amir, il faut être utile et avancer. Faire des choses même sans électricité. « Psychologiquement, sortir de huit jours de bombardements c’est difficile. C’est dur pour les plus petits mais aussi pour les grands car on se dit qu’on est vivant. On pensait mourir mais là il faut donc faire face à l’après. Et l’après est délicat ! On n’est pas préparé. On n’avait pas réussi à tout reconstruire après Plomb Durci en 2008. Maintenant on doit se relever doublement. » Les nouvelles de la ville ne sont pas bonnes. Le deuil est partout, la guerre a tout abîmé. « Chaque famille a dans son histoire un martyr, un orphelin, une veuve, des blessés grave aussi. Dans la ville, aucune rue n’a été épargnée par les bombardements. Les bâtiments gardent des traces. » Amir n’est pas optimiste quant au déroulement des reconstructions. « Il y a une réalité. Quand viendra l’heure de tout rebâtir, Israël refusera de laisser passer le matériel dont nous avons besoin. C’est comme ça ! »
Aujourd’hui, les avions militaires israéliens sont venus narguer la population de la Bande de Gaza depuis le ciel. « Ils tournaient là haut comme pour nous dire qu’ils sont encore là. Ils veulent pour notre région la mort à l’infini ! » Malgré tout cela, les enfants ont repris la route de l’école. Amir parle aussi d’une émission très intéressante diffusée chaque dimanche sur les ondes. « Bonjour de Gaza est un programme en direct et on peut participer en appelant. C’est en langue française. Je suis passé à l’antenne hier d’ailleurs. » Par ailleurs, un événement pourrait venir donner le sourire aux Palestiniens. Un événement qui est très suivi ! La démarche du président Mahmoud Abbas destinée à obtenir le statut d’Etat observateur pour la Palestine à l’ONU. « Quelque soit le résultat, il aura fait un très bon travail. Ca fait des années qu’il prépare ça. C’est tout ce qu’il nous reste pour l’instant. Si le monde n’est pas avec nous, ça voudra dire que la Palestine n’a pas le droit de décider de son destin. On nous parle beaucoup de négociations mais il faut se souvenir que lorsqu’on négociait au cours de ces dernières années, au même moment, les constructions de colonies en Cisjordanie continuaient ! »
Et Amir revient sur le bilan de ces huit jours de bombardements. « Le nombre de morts augmente parce que certains blessés meurent. Et puis il y a des corps que l’on ne retrouve que maintenant. C’est le cas pour la famille Al Dalou. Une fille et un garçon ont été sortis des décombres… sans vie ! »