Il est quasiment 5h30 du matin. L’appel à la prière de la mosquée, à deux pas de l’hôtel, sort le quartier de son sommeil. Le Caire s’éveille. Le jour J est enfin là. Nous attendions tous ce 27 décembre comme des enfants pressés d’ouvrir leurs cadeaux de Noël ou de l’Aid. A 6h, tout le monde est sur le pont pour se préparer. A partir de 7h, nous commençons à nous regrouper dans le hall de l’hôtel avec tous nos bagages personnels mais aussi toutes les valises et les sacs contenant les médicaments, les ouvrages scolaires, les douceurs. A 7h30, les trois bus arrivent. Entre 8h30 et 9h, nous voilà partis pour Rafah. Palestine on arrive !
Près de sept heures de route entre Le Caire et Rafah. Sept heures à chanter, à dormir, à discuter, à scruter le paysage…à nous rendre compte de l’endroit où nous allons : la Palestine. Nous passons de l’Afrique à l’Asie. Dans notre bus, Hiba, une journaliste égyptienne, explique l’expérience qu’elle a déjà pu avoir dans la Bande de Gaza. Elle travaille pour un média turc. Au fur et à mesure que nous approchons de Rafah, notre « convoi » est devancé par un véhicule de la police et à chaque barrage que nous croisons, la voiture s’arrête et est remplacée par une autre. Dans le paysage du Sinaï, des tanks sont à certains endroits.
Lorsque nos trois bus s’arrêtent devant les grands portails du Terminal de Rafah, il doit être presque 15h. Moins d’une heure après, nous entrons dans la salle des voyageurs, nous devons régler toutes les formalités douanières. Il faisait jour en entrant dans ce lieu. Il fait nuit quand nous en sortons quelques heures plus tard. Nous remontons dans d’autres bus, palestiniens cette fois-ci, afin de parvenir au bâtiment où nous attendent nos guides et amis : Amir Hassan et Ayman Qwaider. Nous passons d’abord devant des photographies présentant le calvaire de la population de la Bande de Gaza au cours de l’opération Pilier de Défense. Les images sont insoutenables. Puis Nabil Abu Shammala, du ministère de l’agriculture et de la pêche, nous souhaite la bienvenue devant la presse. L’air est enfin celui de la Palestine. Nous y sommes et cela représente une grosse victoire face au blocus imposé par Israël.

Point presse en arrivant du côté palestinien avec Nabil Abu Shammala du ministère de l’agriculture et de la pêche
Sur le chemin pour nous rendre à l’hôtel, malgré le manque d’électricité, nous parvenons à apercevoir les ruines des derniers bombardements. Etant arrivé un jeudi, veille de jour de repos, le parc du Soldat Inconnu est plein de Gazaouis. Nous exprimons notre présence et notre joie d’être ici en leur faisant des V de la victoire, en les saluant de la main, en agitant le drapeau palestinien. Nous prenons nos quartiers au bord de la plage. En voulant voir la vue depuis le balcon de la chambre, nous sommes conscients d’une chose. Malgré la nuit noire, la marine israélienne est au large et doit scruter les Palestiniens qui sortent en mer pour pêcher. A la moindre chose qui sera jugée suspecte, sans l’être réellement, cette armée fera parler ses armes…
A SUIVRE…