De l’hôpital Al Shifa jusqu’à Beit Hanoun, la tristesse et les sourires

Il est 7h du matin. Il fait frais sur le balcon du troisième étage de l’hôtel Palestine. La mer est calme. La plage est déserte. Les barques sont nombreuses. Aujourd’hui c’est vendredi. Jour de rassemblement à la mosquée pour la prière aux alentours de midi. C’est un jour de repos. Enfin la lumière permet de voir la Bande de Gaza. En tournant la tête vers la droite, là bas plus au nord, il y a Israël. La Bande de Gaza est petite et on en ferait très vite le tour.

Israël n’est pas loin…

Une nouvelle journée de pêche pour les uns. Une nuit de pêche qui s’achève pour les autres.

Ce matin, nous nous rendons à l’hôpital Al Shifa afin de remettre les médicaments et les distractors (servant aux opérations de chirurgie maxillo-faciale).

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Une chaîne se forme afin de porter les bagages de médicaments.

Cet établissement est le plus grand de la Bande de Gaza. L’un des médecins le compare même à la Maison Blanche étant donné qu’il est presque une visite indispensable pour tout étranger rentrant dans la Bande de Gaza. « L’hôpital est célèbre ! » Les services y sont nombreux mais malheureusement les moyens sont réduits par le blocus israélien. L’impuissance est le sentiment que ressentent les médecins lorsqu’ils se retrouvent face à des blessures si graves, face à des corps sans vie mutilés par Tsahal. Le Docteur Ayman, qui fait partie des médecins qui nous reçoivent, parle de morts arrivant sans tête, avec les membres déchiquetés. Comment réussir alors à faire face ? Les médicaments sont manquants afin de soigner les plaies, mener les opérations. Des médicaments importants n’existent pas dans la Bande de Gaza. Certains produits qu’ils possèdent sont périmés depuis 2009.

Des médecins très compétents mais sans moyen…
Au sein de cet hôpital, le maximum est fait avec le… maximum possédé. Malheureusement, le maximum représente trop peu. Et le manque d’électricité rend inutilisables certaines machines qui sont pourtant nécessaires. Bien que les générateurs soient la solution d’urgence pour fournir l’électricité, les machines sont sensibles et sont susceptibles de lâcher à tout moment. « Certains patients sont morts à cause de ça. »

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Les bébés reliés aux machines ne sont pas épargnés.

Et lors d’attaques israéliennes, le bloc opératoire est très vite débordé. Les blessés peuvent être posés à même le sol.

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L’étage du bloc opératoire. Nous restons juste à l’entrée de l’étage par mesure d’hygiène.

L’après est préoccupant car les séquelles sont importantes, notamment en raison des armes chimiques utilisées par Israël. Le quotidien de ces médecins est donc très difficile. « Israël tue l’homme, la pierre et la terre. Mais il ne réussit pas à écraser notre détermination. Beaucoup de médecins étrangers sont fortement étonnés de nos compétences. Il ne nous manque que les moyens… » La présence de notre groupe ici est aussi l’occasion de rendre visite aux patients. Nous distribuons des bonbons aux enfants et aux parents également. Une mère de famille nous propose des Quality Street. Il ne s’agit que de friandises pourtant son geste est si fort. Elle dit avoir appris le français lors de ses études.

Même les ruines peuvent parler
Dans l’après-midi, nous continuons à arpenter les rues de Gaza. Ici, dans le Département Civil du Ministère de l’Intérieur, venaient les Gazaouis afin de faire des demandes de passeports, de cartes d’identité… A présent, il ne reste pas grand chose. Des ruines évidemment, des parties de murs qui menacent de s’effondrer et les vies éparpillées de milliers de personnes.

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Une photo dans les ruines…

Des photographies se retrouvent ici et là. Hommes, femmes, bébés… Qui sont ces gens ? Que sont-ils devenus ? Etaient-ils là le jour des bombardements ? Tant de questions sans réponse malheureusement. Pendant que la curiosité pousse encore un peu plus à remuer les débris afin d’en sortir un tas de documents… Deuxième arrêt : Le Ministère de l’Intérieur. Il n’y a que le bruit de nos pas au milieu de ce qui était avant le Ministère.

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Et toi, arbre, quel mal as-tu fait à Israël ?

Là un drapeau palestinien a été trouvé. Par ici, une canalisation fuit et le filet d’eau se déverse dans un cratère formé par les bombardements. Il faudra du temps pour que disparaissent les ruines. Et les Palestiniens reprendront encore et toujours le chemin de la reconstruction. Un éternel recommencement avant que ne reviennent les F16 israéliens… Troisième arrêt : le Stade de Palestine. Les cages de buts sont dans un piteux état ou n’existent plus du tout. La pelouse est jonchée de petits morceaux métalliques. L’une des tribunes a disparu. Les drapeaux du Qatar renvoient à cette visite des officiels qataris au sein du stade… il y a presque une éternité. Une époque où les coups de sifflet des arbitres, les coups francs, les corners, les tirs au buts et surtout les acclamations du public raisonnaient dans l’enceinte ! Les Israéliens ont touché au football, à un symbole universel. Eux qui seront les hôtes de l’Euro de football des Espoirs cette année…

Les Palestiniens, habitués des larmes et du rire

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Les danseurs de dabkeh à Beit Hanoun

En fin de journée, nous sommes invités par l’Association des Femmes Brodeuses de Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza. La nuit commence à tomber. Nous sommes accueillis avec des fleurs et prenons place pour assister au spectacle d’une troupe de cinq danseurs de dabkeh. L’ambiance est excellente. Des Palestiniens, des Palestiniennes sont autour de nous. Le repas se fait à la belle étoile. Des falafels, du houmous… L’instant est simple et sa simplicité nous marque. Notre vendredi a été ponctué d’images tellement dramatiques, de témoignages poignants, de paysages désolants. Le peuple de Palestine en est l’acteur principal, le héros. Nous ne sommes que des spectateurs sur place, que des téléspectateurs à des milliers de kilomètres. Pourtant malgré le siège, la population vit, pleure puis sourit, rit. Elle tombe. Elle se relève. Grâce à sa détermination !

A SUIVRE…

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