Des écoliers Palestiniens jusqu’aux étoiles de la Bande de Gaza

Samedi 29 décembre 2012. Nous retournons sur les bancs de l’école primaire en nous rendant dans l’établissement Al Basri. Nous allons retrouver l’insouciance, les cris d’enfants, les tableaux noirs, les craies…

Il est autour de 9h du matin. Nous sommes en retard. Nous sommes de très mauvais élèves. Dans la cour, les enfants nous attendent. Ils sont nombreux et semblent contents de nous voir. Les professeurs tentent de canaliser leur énergie. Ils ont du mal. Nous n’arrangeons pas la situation en nous mêlant à eux…

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Un enfant s’approche de moi et en anglais, me demande mon prénom. Il se présente à son tour et d’autres enfants encore. Malgré leur enthousiasme, il ne faut pas oublier une chose importante. Ces enfants qui sont là devant nous en train de rire, de faire le V de la victoire, sont des victimes du blocus. Ils ont beau être jeunes, ils ont un regard sur la situation et sont marqués par toutes les restrictions qui pèsent sur ceux.

Le V de la victoire

Le V de la victoire

Dans cette école, ce matin, il n’y a que des garçons. Etant donné les effectifs trop importants, les filles viennent en classe l’après-midi. Une équipe du matin, une autre de l’après-midi, la politique israélienne a transformé l’éducation palestinienne en usine. L’éducation ne devrait pas fonctionner de cette manière. Les conditions poussent donc les Palestiniens à se débrouiller comme ils le peuvent.

La parole est donnée à un des écoliers. Il semble si adulte, comme si il n’avait pas d’enfance. On sent alors encore plus que la répression israélienne a aussi des impacts sur l’enfance palestinienne. Elle la réduit à rien, spectatrice du monde adulte, de cette univers où les grands souffrent. Et d’ailleurs, ils s’expriment comme ces grands. Le jeune garçon nous explique les difficultés qu’il rencontre afin de faire ses devoirs sans électricité à la maison, l’angoisse qu’il ressent en entendant les drones et les F16.

Afin de permettre aux écoliers de s’évader l’espace de quelques minutes. Un instant magique dans cette cour d’école leur est donné…

Les enfants sont captivés par Marie et Lulu, sa marionnette

Les enfants sont captivés par Marie et Lulu, sa marionnette

Marie, l’une des membres de la délégation, sort sa marionnette Lulu afin d’offrir un spectacle magnifique qui dessinera sur les visages des enfants de nombreux sourires.

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Les sourires se dessinent

Les enfants ? Les adultes également se mettent à sourire. En arc de cercle devant Marie, l’auditoire est captivé par cette représentation où il n’y a pas une seule parole mais beaucoup d’expressions. Tandis que le spectacle continue, en m’aventurant dans les étages, à l’un des balcons, je tombe sur un enfant qui observe la scène. J’ai un bracelet aux couleurs de la Palestine que je lui passe au poignet. Il le regarde tout en souriant et touche les perles qui le constituent.

A l'étage, un écolier regarde le spectacle

A l’étage, un écolier regarde le spectacle

Lorsque la représentation prend fin, nous chantons avec les enfants puis nous rejoignons les classes. Dans l’une de ces classes, des enfants dessinent au tableau ce qui représente la Palestine. Le Dôme du Rocher. Le drapeau palestinien… Avant de partir, un professeur me parle de la difficulté d’exercer le métier de professeur, en raison du siège sur la Bande de Gaza et des enfants traumatisés que les enseignants ont face à eux.

Il est aux alentours de 10h30 lorsque nous nous dirigeons vers le lycée Al Karmel. A nouveau, nous pouvons aller à la rencontre des élèves. Il s’agit d’un tout autre public.

Lycée Al Karmel à Gaza

Lycée Al Karmel à Gaza

Dans une des classes de Première Littéraire, un échange s’opère entre les lycéens et nous. Nous posons des questions, eux en font autant. Précises. Directes. Claires. Ainsi sont leurs interrogations. « Pourquoi n’avoir pas décidé de venir dans la Bande de Gaza tandis que l’état sioniste larguait ses bombes au mois de novembre dernier ? », « Quel sentiment ressentez-vous lorsque vous prenez connaissance du nombre de victimes assassinées par Israël ? », « Avez-vous eu peur de venir dans la Bande de Gaza ? ». C’est avec le sourire que l’on nous demande cela. Mêler la peur et le sourire. Deux choses qui s’opposent complètement. Mais cette question est importante. Moi qui n’avais pas conscience d’aller en Palestine, tant cette tentative paraissait incroyable ! Alors j’ai pris quelques secondes pour me dire que finalement non. Non je n’avais pas eu peur de venir parce que je ne savais tout simplement pas ce que j’allais trouver ici à Gaza, à Khan Younes, à Beit Hanoun… 

L'échange avec les lycéens

L’échange avec les lycéens

Après l’école primaire et le lycée, nous prenons le chemin de l’Université Islamique. En début d’après-midi, nous allons rencontré des étudiants en Français.

L'identité visuelle de l'Université Islamique

L’identité visuelle de l’Université Islamique

Le bâtiment est si beau ! Une distribution d’ouvrages doit avoir lieu et une présentation de l’Université. A nouveau, nous pouvons échanger avec des étudiants, des étudiantes. Il y a particulièrement Nour et Ghada, deux jeunes filles en première année. Avec un cocktail de français et d’arabe, la communication passe facilement. Malheureusement, avec les derniers bombardements, les examens ont été retardés et doivent avoir lieu au mois de janvier. Nous restons longuement à discuter ici avant de partir pour Khan Younes.

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Rue de Khan Younes où habitent Ateff et sa famille

Nous sommes dans un des nombreux camps de réfugiés que compte cette ville du sud de la Bande de Gaza. Sur place, c’est Attef qui joue le rôle de guide. Sa famille habite l’une des rues de Khan Younes, depuis la création de l’état d’Israël, lorsque ses grands-parents ont été chassés de leur maison. C’est maintenant presque la quatrième génération qui vit à cet endroit. « On fait avec ce qu’on a. Certains toits ne sont que des plaques de zinc. La plupart du temps il n’y a pas d’électricité. L’eau est achetée car elle n’est pas potable depuis les robinets. On s’entasse ici. Il n’y a pas d’espace vert. Voilà comment on vit. »

En marche vers le centre de Khan Younes

En marche vers le centre de Khan Younes

Génération Nakba. Génération Territoires Occupés. Génération Intifada. Génération blocus… Toutes les générations de la famille connaissent ce quartier de Khan Younes. « Il arrivera un moment où notre descendance ne pourra plus vivre ici. Certains vont se marier dans les prochaines années et il n’y a plus de place ». Et nous nous engageons un peu plus dans la ruelle.

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Une maison dont il ne reste que les fondations

Et nous voilà face à des destructions. Les avions israéliens n’ont laissé que les fondations. Et autour de ces fondations, les gens continuent à vivre, à emprunter les rues. La désolation face à la vie. A nouveau nous croisons cette caractéristique si forte du peuple palestinien. Vivre avec ! Sur notre chemin, nous croisons des enfants, des personnes âgées. Des hommes, des femmes. Et nous, nous représentons un convoi qui ne fait que passer afin de rejoindre le centre de Khan Younes et la forteresse de l’Emir Younes.

La forteresse de l'Emir Younes

La forteresse de l’Emir Younes

L’appel à la prière retentit. Il y a grand monde sur la place devant la forteresse. Finalement nous rentrons dans l’un des bâtiments juste à côté. Nous mangeons des galettes farcies de chawarma et des falafels. Notre parcours continue puisqu’après Khan Younes, nous allons à la rencontre de Suleiman Baraka, astrophysicien très connu dans son domaine et président de la chaire d’astronomie de l’UNESCO.

Baraka

Suleiman Baraka

Le Professeur Baraka est un vrai symbole puisqu’il habitait auparavant aux Etats-Unis et suite à la mort de son fils Ibrahim, âgé de 11 onze, en janvier 2009 lors de « Plomb Durci », il est rentré dans la Bande de Gaza. A ses côtés, nous avons pu regarder Jupiter dans le ciel de la Bande de Gaza. Un ciel qui est entièrement aux mains des avions israéliens. Pourtant, ce soir du Samedi 29 Décembre, le ciel de la Bande de Gaza est synonyme de mille et une merveilles. Voilà une façon de passer au delà du blocus israélien.

De retour à l’hôtel, petit à petit, la fin de notre journée semble se profiler à l’horizon. Aux alentours de 23h30, avec Amir, nous reprenons nos entretiens comme lorsque la Bande de Gaza était bombardée en Novembre 2012 et que je l’appelais afin d’avoir de ses nouvelles. Nous passons près d’une heure à parler. Après cela, c’est au tour de Smain, un membre belge de la mission, de me donner ses impressions devant la caméra. Nous nous installons dans la superbe salle de réception de l’hôtel… Vers 2h du matin, il est temps d’aller reposer nos esprits. Mais au milieu de la nuit, à peine, la tête posée sur l’oreiller, un bruit très lourd nous sort de ce début de sommeil. Cela semble être une détonation qui se répète encore. Au loin. Au large dans la nuit… Y avait-il des pêcheurs Palestiniens ?

A SUIVRE…

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Pour les photographies : Merci à Claire (http://kateyeszeretour.blogspot.fr/), Assiba, Saadia…

 

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