Bruno Durand, un footballeur au parcours touchant !

Dans son sang, il y a le football. Le ballon rond. Les stades. Les entraînements… Si aujourd’hui Bruno Durand évolue à Châtellerault, du côté de Poitiers, ce francilien a plus d’une galère à son actif. Malgré tout, il positive. Il relativise les mauvaises expériences vécues. Justement, il était une fois « une histoire de fou » comme il le dit lui-même !

Bruno, à gauche

Bruno, à gauche

Les études d’abord…
Bruno commence à taper dans le ballon au sein de son quartier, près de Créteil. Il a 8 ans. « Je passais le temps comme ça ». Son père qui l’observe faire décide d’appeler le Centre de Formation de Paris. Quelque temps plus tard, le jeune garçon y fait un stage. A ses 10 ans, il intègre la structure durablement. « Après trois ans, j’ai arrêté. La culture du football dans ce centre de formation me posait problème. Des jeunes étaient ramenés de l’étranger, notamment du continent africain et on misait plus sur le physique. » Puis, ses crampons le mènent au club d’Ivry sur Seine où il joue jusqu’à ses 17 ans. Lors d’un match, les dirigeants du Deportivo Leganés, un club espagnol de la banlieue madrilène évoluant en troisième division, sont présents. Il s’agit tout simplement du club qui a formé Samuel Eto’o ! Ces dirigeants sont intéressés par Bruno mais ce dernier ne donne pas de réponse dans l’immédiat. « A l’époque j’étais en Terminal et je devais passer un Bac Scientifique. Pour ma mère, il fallait privilégier les études. Je n’étais pas mauvais élève. Elle croyait en moi. » Et lui croit en cette proposition espagnole…

« J’ai pris mon sac et 200 euros en poche ! »
Il décide alors de partir pour l’Espagne. « J’avais menti à mes parents en leur disant que je partais pour un tournoi de foot à Bordeaux. Mais j’ai acheté mon billet d’avion pour Madrid. J’ai pris mon sac et 200 euros en poche. » Ce départ se fait vers l’inconnu car il n’a pas le contact de ce club ! « A 17 ans, on fait des choses spontanément, sans réfléchir. Quand je suis arrivé à Madrid, j’ai visité la ville et je dormais dehors pour économiser. Je faisais des nuits blanches. Je ne connaissais pas la langue. » A ses parents qui tentent de le contacter, il ne répond que par sms. « Je disais qu’on avait une mise au vert, que c’était difficile d’appeler, qu’on devait rester concentrés… Je mentais ! Par contre on s’appelait avec mon petit frère. Je me confiais à lui et lui disais de ne surtout pas parler de ma galère aux parents ! » Comme prévu, il se rend au club du Deportivo Leganés et rencontre le directeur technique. « C’était dur pour se comprendre. Lui pensait que j’avais signé dans un club en Espagne mais j’ai expliqué que j’étais venu exprès pour jouer avec eux. Et là, il m’a simplement dit que je devais convaincre sur le terrain et que je ne percevrais pas de paie mais juste des primes de match ! »

Sur coup franc…

De l’Espagne à Chypre. Et les galères…
« J’ai fini par appeler mes parents pour leur dire la vérité. » Pendant six mois, Bruno est au club. « J’ai fait quelques apparitions avec l’équipe première sinon je jouais avec l’équipe réserve. » Puis, le Deportivo Leganés le prête au Sporting Vilanueva. L’entraîneur, ancien international, croit fortement en lui ! « Ensuite, j’ai été acheté par un club chypriote. C’était mon premier contrat professionnel. J’avais même pas 20 ans. Et c’était aussi ma première claque. Après la signature, le président m’a dit que si on perdait, on ne serait pas payé ! » Bruno n’est pas du genre à se laisser faire et il réclame ce qui lui revient de droit. « Comme réponse, j’ai eu des vols à mon domicile, des infractions, des agressions. J’ai voulu porter plainte et Antoine Bonnet, un membre de la FIFA, m’a dit que ce club était mafieux et que j’avais beau tout faire, je ne toucherais pas un euro ! Alors j’ai voulu quitter Chypre. Je suis parti avec 900 euros et à la douane, à l’aéroport, un policier n’a pas voulu me laisser partir alors j’ai dû l’acheter ! Le président du club avait voulu me bloquer à Chypre ! Ce n’est pas ça le foot normalement ! »

Les malheurs créent les belles amitiés
« Dans cette mésaventure, j’ai fait une superbe rencontre. J’ai croisé le chemin de Mickael Niçoise. Lui aussi avait eu une mauvaise expérience à Chypre. Quand je lui ai parlé de moi, de mon passage en Espagne, il était étonné ! » De retour en métropole, tous deux décident d’aller jouer à l’Ile de la Réunion malgré le passage à vide de Bruno. « Ma mère n’y croyait plus et moi aussi. J’étais arrivé à un point où à chaque fois que quelqu’un me parlait de football, j’avais envie qu’il se taise. Je me suis beaucoup remis en question. Mais je suis très croyant et c’est ma relation avec Dieu qui m’a aidé. » Après cet épisode, s’enchaînent une expérience en Belgique puis une autre en Malaisie. « En Belgique, je suis encore tombé sur un club particulier. Les Flamands ne voulaient pas parler en français. Il y avait des bagarres dans le vestiaire. Puis en Malaisie, c’était toute autre chose. Le niveau de football était assez bon ! Finalement à 22 ans, je continuais à être surpris partout. Et même le monde des agents est particulier. J’étais tombé sur un agent véreux, ce qui m’avait emmené directement à la case prison en Allemagne lors d’une escale ! « 

Bruno Durand, en blanc

Bienvenue à Chatellereau
« 
Aujourd’hui, j’évolue à Châtellerault, un club en CFA. Tout se passe bien et les choses sont plutôt calmes. Je suis bien entouré. Il y a notamment Kevin Vergerolle. Lui aussi a déjà goûté au monde professionnel du football, on partage beaucoup. On rit beaucoup… Malgré tout ça, je n’abandonne pas l’idée d’évoluer ailleurs, à l’étranger, avec mon ami Mickael Nicoise si j’en ai l’occasion ». Le parcours de Bruno prouve une chose, la vie de footballeur n’est pas rose ! Il faut beaucoup de sacrifices même si souvent il faut frôler l’abandon ! « J’ai vu toutes ces mésaventures comme des épreuves. Aujourd’hui je suis plus fort. C’est clair que j’aimerais être dans le foot le plus longtemps possible parce que je n’ai pas fait tout ça pour rien. Mais il faut être costaud mentalement et s’attendre à avoir un job à côté. On peut se prendre des baffes. Des amis peuvent t’abandonner tandis que des vrais amitiés peuvent se créer. Et surtout, j’ai eu ma famille avec moi. Elle m’a toujours soutenu et me soutient encore. Sans la famille, on est rien du tout !  » Si il devait changer quelque chose dans ce parcours, Bruno ne changerait rien. « Je suis parti de mon quartier. Je me suis bougé. Certes j’ai peut-être trop fait confiance mais ça m’a aidé. Parce que la pire des choses c’est de se mentir à soi-même et aujourd’hui je sais comment est le monde du football. Je mets en garde mon petit frère quand il me parle de carrière pour lui. »

De toutes ses expériences, Bruno retient particulièrement le football espagnol. « Ce que j’aime chez les Espagnols, c’est qu’ils ne misent pas tout sur la force physique. Il y a du technique, de l’intellectuel. Ils réfléchissent ! »

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