Salim Saab ? C’est la voix du journaliste que l’on entend dans l’émission de radio « Aswat El Madina » – Radio Monte Carlo Doualiya – sur les cultures urbaines dans le monde arabe. Après son premier documentaire, il revient avec « Forte » en hommage aux femmes artistes du monde arabe : sports de combat, danse, tatouage, graffiti…
Des moyens de tournage très simples
Comment a-t-il choisi ces artistes ? « Je les connaissais déjà toutes avant de les avoir filmées. J’ai reçu la plupart d’entre elles dans l’émission « Aswat El Madina ». Chacune de ses femmes a son identité, son parcours, son talent et son discours ». Il y a eu trois semaines de tournage et un mois de montage, s’étalant sur une année. Côté budget ? Très peu de moyens. « J’ai filmé avec un appareil numérique, deux objectifs, un trépied et quelques accessoires. » Système D comme lorsqu’à l’époque Salim Saab faisait du rap.
Arabie Saoudite, Liban, Koweit…
Portant le hijab ou non, les femmes que Salim Saab a rencontrées lancent un message fort : elles sont maîtresses de leurs choix. Baignant dans le street art, elles prouvent que la discipline n’est pas réservée qu’aux hommes. En véritables passionnées, elles montrent leur indépendance venant « démonter » les idées reçues, très souvent provenant d’Occident. Qu’elles vivent en Arabie Saoudite, au Koweit, au Liban ou en Tunisie, on découvre leur monde.
Une vision du féminisme plus sensée !
Pourquoi croire que le féminisme peut être défendu en apparaissant topless lors d’événements médiatisés ? Marie Joe Ayoub qui vit à Beyrouth a son opinion sur le sujet. Etre féministe ? Pourquoi pas mais sans avoir pour objectif de briser, dominer ou attaquer le sexe opposé. « La femme doit réclamer ses droits de façon plus civilisée, légale, artistique, douce… et pas en rentrant dans une église pour montrer ses seins ou nue dans la rue », dit-elle. En observant le travail de chacune de ses femmes, c’est la liberté de faire ce qu’elles veulent qui est un véritable féminisme.
Elles passent à l’action
Marwa qui est tatoueuse et qui vit au Liban apprécie cette confiance qu’on lui accorde quand des personnes se tournent vers elle afin d’avoir son travail sur la peau pour toute la vie. Et elle met du cœur à la tâche. « Une femme occidentale peut bénéficier d’une qualité de vie meilleure que dans le monde arabe mais si elle ne passe pas à l’action, alors à quoi cela sert ? A contrario on peut être une femme arabe avec un cadre de vie moins bon et pourtant en travaillant sans relâche, atteindre tous les objectifs fixés. La nationalité n’a alors pas d’importance ! », confie-t-elle.
Le sexisme est partout
Chanteuse franco-tunisienne, Nawel connaît les mentalités des deux côtés de la Méditerranée. Si la tradition est présente en Tunisie, la société occidentale reste elle patriarcale notamment à travers les différences de salaires entre les hommes et les femmes. Le sexisme est présent dans le monde arabe mais il ne faut pas croire qu’il soit le seul concerné…
Graffiti artiste, tatoueuse, Bgirl, chanteuse, pratiquant également le MMA, Hanan, Abrar, Marie Joe, Marwa, Krystelle, Lana, Lili et Nawel sont des exemples de force et de détermination. Les parcours sont riches et mettent en avant des initiatives inspirantes pour de nombreuses femmes. Est-ce qu’une suite est prévue pour ce documentaire « Forte » ? Pas pour l’heure. Mais il est fort à penser que Salim Saab songe déjà à son troisième documentaire !
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