« Plus qu’hier et moins que demain. Contre le racisme, le colonialisme et la guerre » est un livre de convictions. Nadine Rosa-Rosso livre ses écrits et autres interviews accordées notamment lorsqu’elle est encore secrétaire générale du Parti du Travail de Belgique (PTB). Une manière de raconter son engagement politique et ses aspirations associatives sans jamais trahir ce qu’elle est. Petit entretien avec l’auteure…

à l’Encre de ma Plume : Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Nadine Rosa-Rosso : La première raison est l’urgence de la situation politique. Partout en Europe et dans le monde, nous assistons, quasi impuissants, à la poussée de formations d’extrême droite et à l’incapacité des formations qui se réclament de la gauche à apporter une réponse aux défis actuels. En particulier, à propos de la prétendue lutte contre le terrorisme, qui justifie tant les guerres tous azimuts contre le pays du Sud que la liquidation progressive, mais profonde, des libertés démocratiques et du débat politique. Dans cette ambiance, le racisme ordinaire refleurit allègrement. J’ai donc voulu d’une part rappeler l’évolution de ces questions dans mon pays, la Belgique, depuis la première guerre post époque soviétique, la guerre du Golfe de 1991, et d’autre part dénoncer la capitulation de la gauche sur ces questions, qui a préféré les mettre en veilleuse afin de gagner une plus large part d’électorat.

à l’Encre de ma Plume : Pensez-vous qu’il puisse inspirer les jeunes générations afin de rester fidèles à leurs convictions ?
Nadine Rosa-Rosso : La question de la fidélité à ses convictions est pour moi une question essentielle. Si mon récit peut inspirer les jeunes générations dans ce sens, j’aurai atteint mon principal objectif. En ce qui me concerne, ma jeunesse s’est déroulée à l’époque de la lutte des Afro-américains pour l’égalité des droits et de celle du peuple vietnamien contre l’agression américaine, qui faisait suite à la colonisation française. Ces événements m’ont profondément marquée et convaincue qu’il n’y pas de salut pour les peuples tant que règnera le pouvoir de l’argent et celui des grandes multinationales. Devenir adulte ne signifie pas abandonner ses idéaux de jeunesse. Je pense au contraire qu’il faut les chérir, les protéger, tout en faisant l’effort de comprendre les nouvelles réalités. C’est d’ailleurs pour moi une grosse lacune de la gauche et je consacre plusieurs textes aux changements essentiels survenus dans nos sociétés.

à l’Encre de ma Plume : Aujourd’hui quels sont vos engagements associatifs et politiques ?
Nadine Rosa-Rosso : Il est évident que la révolution n’est pas à l’ordre du jour dans nos contrées, mais il faut souligner que les réformes en faveur des classes pauvres ne le sont pas non plus. Les seules réformes qu’imposent nos gouvernements successifs, qu’ils soient de gauche ou de droite, sont les réformes libérales qui détricotent les acquis issus de la deuxième guerre mondiale. Le rapport de forces ne nous est pas du tout favorable. C’est pour cette raison que je pense qu’il faut s’engager dans une forme de résistance quotidienne et essayer, tant que faire se peut, de soutenir et de fédérer toutes les formes de résistance. Pour ma part, je milite autour de causes précises. En Belgique, je me suis fait connaître par mon opposition à l’interdiction du foulard islamique, par mon soutien à la résistance des organisations palestiniennes et le refus de leur catégorisation comme « terroristes », par la lutte contre les « dommages collatéraux » des campagnes antiterroristes, en particulier dans mon soutien à un groupe de mamans dont les enfants sont partis pour la Syrie en 2013. Je fais part de tous ces combats dans ce recueil. J’espère que cela en inspirera d’autres…

Cet ouvrage est ainsi une sorte de relais à faire passer aux nouvelles générations pour qu’elles puissent défendre leurs idéaux et être justes dans leurs combats. A lire avec beaucoup d’intérêt !