Redécouvrir son pays d’origine comme si c’était la première fois : c’est l’aventure qu’a choisi de vivre Amelle, plus connue sous le nom d’Amelle Sbah el Kheir sur les réseaux sociaux. Née en France, issue de l’Oriental au Maroc et également d’origine égyptienne, elle a fait un choix audacieux il y a deux ans : quitter Paris pour s’installer à Casablanca. À travers ses contenus, elle raconte une quête intime et identitaire : comprendre ses racines, apprivoiser une culture longtemps perçue à travers le prisme des vacances familiales, et trouver sa place dans un Maroc qu’elle découvre pour la première fois… en tant qu’adulte. Un voyage intérieur autant qu’un nouveau départ.
Un Maroc longtemps méconnu
Amelle a grandi et étudié en France. Après un Bac en série économique et sociale, elle poursuit ses études avec une classe préparatoire aux grandes écoles, puis intègre une école de commerce. « Aujourd’hui, je poursuis mon cursus et j’espère être bientôt diplômée », confie-t-elle. Âgée de 26 ans, elle reconnaît que son lien avec le Maroc est longtemps resté fragmentaire. « Je ne connaissais pas le Maroc. Quand on ne partait pas en Égypte, on venait dans l’Oriental… mais uniquement là. Alors quand on me demandait si je connaissais Rabat ou Casablanca, je répondais non », admet-elle. Ce décalage entre son identité marocaine et sa connaissance du pays est devenu un moteur.
Le déclic : un stage qui change tout
La bascule se produit lors d’un stage au Maroc, à Casablanca. Durant ces mois sur place, Amelle observe les touristes étrangers qui sont curieux, émerveillés, à l’aise dans un pays qu’ils ne connaissent pourtant pas… Elle se questionne : « Comment se fait-il que des visiteurs sans racines dans ce pays vont à sa rencontre et le connaissent parfois mieux que moi ? ». De retour en France, elle sait qu’elle reviendra au Maroc pour y vivre et y travailler. Tout n’est qu’une simple question de temps et de préparatifs. Effectivement elle fait ses bagages assez rapidement et reprend la direction de Casablanca. Cette ville qui a réussi à la séduire.
Casablanca : un nouveau chapitre
Son installation se déroule avec une facilité surprenante. « J’occulte beaucoup les difficultés quand je suis enthousiaste. Alors mon énergie positive a peut-être attiré du positif », explique Amelle. En effet, elle trouve un logement rapidement, s’adapte à son nouvel environnement, commence à avoir ses repères. Le manque de sa famille ne se fait sentir qu’après plusieurs mois. Ce qui la frappe le plus à Casablanca ? « Cette ville est très similaire à Paris avec le côté traditionnel qui se marie à la modernité. Casablanca est cosmopolite et me fait découvrir un Maroc que je ne connais pas, moi qui n’avais toujours connu que l’Oriental avec Oujda et Berkane », dit Amelle.
Redessiner son identité
Aujourd’hui, depuis Casablanca, quand elle ne voyage pas dans d’autres villes du royaume, Amelle partage sur ses réseaux sociaux son quotidien de MRE installée sur place, et son regard neuf sur le Maroc. « J’explore Casa, Rabat… Je réalise que j’avais une vision figée du pays. J’avais peut-être une pensée arriérée avant. Casa la cosmopolite m’a ouvert les yeux », avoue Amelle. Grâce à son regard neuf, elle partage même des adresses que certains Casablancais découvrent avec elle comme de simples touristes. D’ailleurs, elle met beaucoup de ses trouvailles sur son compte Instagram Amelle.ib.
« C’est à moi de m’adapter »
Amelle se sent intégrée, même si une étiquette persiste : celle de zmigria, celle qui revient après avoir grandi ailleurs. Mais loin de vivre cela comme une contrainte, elle en fait une force. « On a grandi dans une dualité entre pays d’origine et pays d’accueil. Alors à présent, c’est à moi de m’adapter parce que ces choix, je les ai faits seule », relativise Amelle. Pour la jeune femme, « on ne revient pas au Maroc pour y reproduire sa vie d’Europe. Ce n’est pas la bonne mentalité. Quand on revient, c’est parce qu’on s’est senti déraciné un jour, et qu’on veut s’enraciner de nouveau ».
Porter sa pierre à l’édifice : la voix d’une génération
Ayant grandi dans un système éducatif et sanitaire français d’une certaine solidité, Amelle se sent concernée par les difficultés que vivent les Marocains. Elle soutient le mouvement GenZ212, qui demande des améliorations dans plusieurs secteurs – éducation, santé, justice – en respectant profondément le royaume et ses institutions. « Voir des jeunes de mon âge subir des systèmes non productifs m’affecte. Je veux un Maroc qui avance. Ce mouvement ne s’oppose pas au royaume et il réunit professeurs, étudiants, médecins, avocats… », explique Amelle. En la matière, les MRE installés sur place ont justement un rôle important : apporter leurs compétences, leur regard, leur expérience !
Un avenir au Maroc : un choix assumé
Repartir vivre en France un jour ? Amelle ne l’imagine pas. « Oui, je veux rester définitivement ici. Peut-être que je changerai de ville mais je resterai dans le royaume », confirme-t-elle. De plus, elle a le sentiment d’être arrivée « au bon moment » pour voir ce Maroc continuer à se transformer et surtout y contribuer. « J’ai envie d’y construire mon avenir, d’y élever mes enfants, inchaAllah. C’est un pays qui traverse des hauts et des bas, mais j’espère y faire un beau petit chemin », conclut Amelle
À travers son parcours, Amelle incarne cette génération de MRE qui revient non pas par nostalgie, mais par conviction. Elle porte un regard neuf sur un Maroc pluriel, changeant, contrasté, et y trouve peu à peu sa place. Son histoire parle d’identité, de transmission, de retour aux sources… mais surtout d’amour pour un pays redécouvert. Un Maroc qu’elle ne connaissait pas, mais qu’elle choisit aujourd’hui, consciemment.



