Le livre « Des jours de ma vie » (« Ayyâm min hayâtî ») a été écrit il y a des années et des années… Pourtant, la situation en Egypte remet de jour en jour l’ouvrage à la page.
Cette autobiographie écrite par Zaynab Al-Ghazali est le récit de sa détention, de la torture qu’elle a subie sous l’ère Nasser. Ce qui lui est reproché à l’époque est d’être proche des Frères Musulmans, dans une ambiance de chasse aux sorcières contre la confrérie. On lui reproche de défendre la religion et de vouloir un état islamique en Egypte. Zaynab Al-Ghazali a été la présidente de l’Association des Femmes Musulmanes, créée dans les années 30. L’Association des Femmes Musulmanes compte à ce moment des milliers d’adhérentes à travers l’Egypte. Toutes réunies par l’Islam. Zaynab Al-Ghazali est convaincue dans son combat. Elle qui est dévouée aux autres : cours pour les femmes, conférences, gestion d’un orphelinat, aide aux pauvres, édition et publication d’un magazine…
La lecture des tortures subies, de l’attitude de ces geôliers à son égard est difficile. Parce que Zaynab Al-Ghazali a enduré ce que beaucoup n’auraient pu supporter. « On va t’enterrer comme on a enterré des centaines comme vous ici dans cette prison militaire, espèce de chienne ! », lui ont répété ceux qui l’emprisonnèrent, sous des ordres venant de « là-haut ». Nasser lui-même. Insultes, violence sont le lot quotidien de cette femme égyptienne. Pourtant elle est déterminée à ne pas céder. On veut par exemple lui faire avouer la tentative d’assassinat contre Nasser, en l’enfermant dans une cellule avec des chiens. En lisant ces lignes, on ressent militantisme, persévérance mais surtout le courage ainsi que la patience tandis qu’on la prive de tout. Nasser l’emprisonnera en 1965 pour vingt-cinq années. Anouar El-Sadate la fera libérer en 1971… En 2005, elle mourra.
De 1971 à Mars 2015… Al-Sissi
Après Nasser, il y a eu El-Sadate, Moubarak, Morsi… Peu importe, l’Egypte n’a jamais été le pays du respect des Droits de l’Homme. Cependant, depuis 1971, les Frères Musulmans ont pu sortir de la clandestinité, participer à des élections… Morsi a été la « délivrance », de courte durée pour les Frères Musulmans, aujourd’hui parti interdit. Une dictature est installée au pays des Pharaons. Exemple en date, l’Egypte a connu en ce mois de mars 2015 la première exécution « officielle » (officieuses, il y en a eu !) depuis l’accession au pouvoir d’Al-Sissi. La prison, la torture… Et la liste des violations des Droits de l’Homme est encore bien longue. Al-Sissi, représentant une démocratie qui semble plaire aux Occidentaux, emprisonne des Frères Musulmans, les condamne à mort à la chaîne. Et d’autres subissent aussi le joug de Al-Sissi : les jeunes libéraux, les activistes de gauche… Personne n’est à l’abri !