Après plus de cinq heures d’avion entre Paris et Istanbul, Istanbul puis Le Caire et près de douze heures d’escale, nous voilà enfin en Egypte. Nous sommes le 24 décembre. Ce soir, certains seront en famille pour Noël. Dehors le soleil brille. Il faut ajouter à nos montres une heure et à notre peau 15 degrés surtout. Nous ne nous attardons dans l’aéroport que le temps des formalités douanières, de récupérer nos bagages et de trouver le chauffeur de taxi qui doit nous attendre. Nous sommes trois membres de la mission à être arrivés en même temps. Dans la voiture, plus nous approchons du centre du Caire et plus la circulation se densifie. Plus les klaxons se font entendre pour un oui ou un non. Il y a tellement de véhicules dans cette si importante mégalopole. Les premiers pas en Egypte m’apparaissent impressionnants même si la fatigue du voyage se fait sentir. Je ne perds pas de vue la destination finale de ce périple et le Caire n’est qu’une étape !
Quelques heures plus tard, tandis qu’à l’hôtel les yeux ont pu se fermer l’espace d’une heure, les retrouvailles avec les autres membres de la mission venant des quatre coins de la France et de Belgique ont lieu. Juste le temps de se saluer qu’une visite a lieu au sein de l’Hôpital Al Hilal. Nous sommes une dizaine de personnes à nous rendre au neuvième étage du bâtiment. Sur place, nous rencontrons Abou Youssef, un palestinien âgé de 55 ans et gravement blessé aux deux jambes. Le 19 novembre 2012, au cours de l’attaque israélienne, un missile s’est abattu sur sa maison au sein du quartier de Hay El Zeitoun, dans le centre de Gaza. D’abord soigné sur place durant près d’un mois, un transfert a dû avoir lieu vers la capitale égyptienne. Le blocus israélien faisant rage illégalement, les habitants de la Bande de Gaza ne peuvent pas disposer des soins hospitaliers nécessaires.

Abou Youssef, palestinien, est à l’hôpital. Un des membres de la mission, infirmier, regarde une de ses radiographies – Photo prise par Stéphanie
Ainsi, en date du 24 décembre, cela fait douze jours qu’Abou Youssef se trouve en Egypte et sa situation est préoccupante. Sur son lit d’hôpital, il ne bouge pas. Ses deux jambes sont traversées par des broches, installées par les médecins à Gaza. Elles doivent venir reconsolider les os qui ont subi de nombreuses fractures en différents endroits. Cependant, Abou Youssef risque de se faire amputer. En attendant la décision du chirurgien et de l’orthopédiste, sa jambe droite qui est la plus touchée, avec deux blessures ouvertes, est maintenue en hauteur afin de permettre au sang de circuler. Alors Abou Youssef patiente, accompagné par son frère qui est quotidiennement avec lui. Au cours de cette visite, l’une des personnes travaillant au sein de l’hôpital tentera de comprendre pourquoi nous, étrangers, étions là avec Abou Youssef. Sur le chemin du retour, en sortant de l’hôpital, je me rends compte que cette visite n’est que la première d’une longue série qui aura lieu de l’autre côté de la frontière avec la Palestine. Il me tarde d’être enfin à ce jour où nous prendrons la route pour Rafah…
Une fois rentrée, sur la terrasse de l’hôtel, j’observe le Caire. Le Musée n’est pas si loin, tout comme la Place Tahrir, masquée par un bâtiment. La ville n’est pas encore prête à se coucher. Les axes routiers crachent encore ce flot de voitures. Les klaxons continuent et continueront jusqu’au bout de la nuit. Me berçant jusqu’à ce que je ferme les yeux quelques étages plus bas.
A SUIVRE…