Nadera Benstiti devenue championne de France de Kung Fu…

Nadera et sa médaille

Un nouveau titre pour Nadera Benstiti

Nadera Benstiti, une main de fer dans un gant de velours. Ainsi serait-il possible de qualifier ce bout de femme devenue championne de France de Kung Fu (55 kgs). Aujourd’hui, tout juste médaillée et prête à remettre en jeu son titre de Championne d’Europe au prochain championnat en Angleterre l’année prochaine, elle revient sur son parcours dans cet art martial.

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A l’Encre de ma Plume : Reprenons tout depuis le début, comment as-tu débuté ce sport ?
Nadera Benstiti : J’ai toujours été une grande amoureuse du sport et j’ai par conséquent depuis mon plus jeune âge pratiqué de nombreuses disciplines sportives. Après huit ans de basket en club puis trois ans en salle de fitness, je me suis aperçue qu’il me fallait canaliser toute cette énergie débordante. Je me suis alors intéressée aux arts martiaux et plus précisément aux arts martiaux chinois car dans mon inconscient j’avais toujours été baignée par les films de Bruce Lee. J’ai encore en tête les films que j’allais voir au cinéma avec mon père et mes frères pour seulement dix francs. 

AEDMP : Pourquoi avoir choisi ce sport ?
N.B. : Il y a plus d’une centaine de styles de boxe chinoise et j’ai appris cela quand j’ai décidé de faire des recherches sur le Kung Fu. Cela m’a pris trois ans. Trois années que j’ai finalisées par un long séjour en Chine. A mon retour, en septembre 2003, je débutais le Yi Quan à l’Académie Nationale de Kung Fu à Paris avec pour instructeur Ilias Calimintzos. Je trouve ce sport complet et on y trouve méditation, renforcement musculaire sans avoir besoin d’utiliser de force brute. On apprend à se recentrer grâce aux exercices de postures ou Zhan Zhuang. Grâce au travail postural, je retrouve un équilibre et une facilité à éviter d’emmagasiner le stress inévitable dans les sociétés dans lesquelles nous vivons. J’apprends à respirer à nouveau avec le ventre, à être en harmonie avec mon corps et mon esprit. En général, les gens qui pratiquent un art martial visent trois objectifs : la santé, l’intérêt et l’auto-défense. Ces trois aspects sont très importants d’autant plus qu’ils sont inséparables. Le Yi Quan considère qu’il faut d’abord renforcer le corps et cultiver la volonté. Puis vient la recherche martiale afin de prolonger et développer le précieux héritage de la culture chinoise. Concernant l’auto-défense, Wang Xiangzhai, fondateur du Yi Quan, a dit : « Si l’on parle d’affronter l’ennemi, la voie martiale n’est pas une technique », on peut comprendre que l’attaque n’est pas le but principal du Yi Quan.

Championne

AEDMP : Quels sont tes points forts ?
N.B. : Mes points forts sont ma volonté de vouloir ressentir, comprendre et assimiler. J’aspire à perfectionner ma gestuelle à travers la posture (Zhang Zhuang), par l’unification du travail mental, du mouvement et de la force. Tout cela permet d’unifier le corps et l’esprit et d’entrainer chaque partie du corps. Il y a aussi ma capacité à chercher la force dans l’absence de force, l’adresse dans la maladresse, la rapidité dans les petits mouvements, ma capacité à émettre de la force dans n’importe quelle position et contre-attaquer dans toutes les circonstances.

AEDMP : Quelles sont les valeurs les plus importantes de ce sport que tu pratiques ?
N.B. : On parle de respect car sans respect aucune confiance ne peut naître et sans confiance aucun enseignement ne peut être donné ou reçu. L’honneur, c’est être fidèle à la parole donnée. Le courage, c’est faire ce qui est juste. L’audace sans politesse offusque. La politesse, c’est le respect d’autrui. La modestie, c’est de parler de soi-même sans orgueil. La sincérité, c’est s’exprimer sans déguiser sa pensée, mais la sincérité sans politesse devient insolence. Et enfin le contrôle de soi, c’est de savoir se taire lorsque monte la colère.

Instructeur et team

Avec les membres de son équipe

AEDMP : Quel a été ton parcours jusqu’à présent dans ce sport ?
N.B. : Mon parcours dans la pratique est codifié en sept étapes :
– La posture ou Zhang Zhuang (se tenir debout). J’éduque mes muscles et mes tendons à passer de la décontraction en tonicité, tout en tenant mon corps sur son axe d’équilibre, grâce à des micros mouvements. Ces micros mouvements entraînent les forces antagonistes de haut en bas, de droite à gauche et d’arrière en avant. Cela développe une résistance vers toutes les directions. C’est la force multi-directionnelle pour le combat (Huan Yuan Li). Le Zhang Zhuang favorise le passage de l’immobilité à l’action dans des conditions optimales de vitesse et de force. Il produit un très grand enracinement et conduit la force au bout des bras et des jambes.
– Le Shi Li est le prolongement de la posture dans l’espace. J’essaie de sentir si je peux appliquer en déplacement ce que j’ai acquis en immobilité. La force multi-directionnelle et l’axe de l’équilibre sont entraînés en permanence.
– Le Mo Ca Bu (ou pas fractionnés) qui est l’entrainement de base pour le déplacement.
– Le Fa Li (ou sortir la force) qui consiste à ce que les phases de transmutation de la décontraction en tonicité soient les plus courtes et explosives possibles pour pousser violemment ou frapper vite et fort.
– Le Thui Shou (ou poussée de mains). Ce sont des « essais de force » à deux. Les principes de « coller, adhérer, relier et suivre » régissent cette étape. Il s’agit de l’antichambre du combat singulier. Celui qui sait pousser, sait frapper.
– Le Ji Ji Fa ou les méthodes pour le combat.
– Le Jian Wu, c’est l’utilisation spontanée et sans forme préétablie, dans le vide, des techniques de Shi Li, Mo Ca Bu et Fa Li.
J’ai obtenu le plus de récompenses en Zhang Zhuang, Shi Li, Mo Ca Bu, Fa Li et Thui Shou, qui donnent des bases solides. Ces victoires ont été obtenues en Championnat de France, d’Europe de 2006 à 2014. 

Nadera championne de France

Un titre et le sourire

AEDMP : Comment concilies-tu ta pratique avec ta vie familiale, avec ta vie professionnelle… (entrainements, tournois…) ?
N.B. : Je pratique cet art depuis maintenant 10 ans. Il ne m’a pas toujours été facile de concilier vie professionnelle et entraînements mais j’ai toujours orienté mes choix de vie en fonction de ma passion. J’aspire à présent à rendre ce que j’ai appris car dans le mot « apprendre » il y a « rendre ». L’Académie Nationale de Kung Fu Wushu – Yi Quan, mon école à Paris, m’accompagne jusqu’à l’obtention de mes diplômes qui donnent le droit d’enseigner.

AEDMP: Aujourd’hui championne de France, quels sont tes prochains objectifs ? 
N.B. : Je suis une femme de courage et de conviction dans tous les combats pour la justice et la dignité humaine. Je compte donc participer à la mission des femmes contre le blocus de Gaza qui aura lieu du 5 au 13 mars. Sur le plan sportif, je vise le Championnat d’Europe. Je suis championne d’Europe et je vais donc remettre mon titre en jeu. La boucle sera bouclée !

Nadera dans la vie de tous les jours

Une femme de conviction

4 réflexions sur “Nadera Benstiti devenue championne de France de Kung Fu…

  1. salut Nadera , d’abord félicitation pour ton parcourt sportif de très haut niveau ,tu va peut être te souvenir de moi (franck lamoine ) je cherchais a retrouver BEN et FOFO et voila que je tombe sur toi ,le choc …… bref si tu veux je suis sur skype et sinon bonne continuation pour toi et ta famille .

  2. Honneur et Respect !

    Et bon courage pour les femmes (les enfants et les hommes) de Gaza !
    Et pour le championnat (à Gaza, inchallah) !

    Palestine Vivra, Palestine Vaincra !
    [un ancien (petit) sportif amateur du dimanche ]

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