Le magazine GEO parle enfin des Rohingyas

03/04/2017 - Le magazine GEO parle enfin en détail des Rohingyas

En décembre 2016, dans l’édito intitulé « Le génocide des Rohingyas survolé par le magazine GEO… » , il était question du dossier « Birmanie. Le pays de l’année ». Un numéro traitant de la destination birmane en disant sur quelques lignes à peine que des moines prêchant la haine s’en prenaient (blessaient, torturaient, brûlaient, massacraient…) aux musulmans dans le pays et précisément aux Rohingyas. Cela a eu le don de voir s’élever des voix ! Par message privé sur Facebook, GEO précisait que les lecteurs et internautes avaient voté et qu’un autre numéro devait paraître en avril 2017. Alors forcément le blog a été plonger le nez dans ce nouveau GEO à la recherche de tout ce que le précédent numéro n’avait pas cité !

12/12/2016 - Le génocide des Rohingyas survolé par le magazine GEO... - alencredemaplume.com

S’en prendre aux minorités, à commencer par les Rohingyas

Ainsi, sur la couverture, en haut à droite, nous avons un discret « Grand Reportage. Ces bouddhistes qui prêchent la haine ». L’éditorial du rédacteur en chef Eric Meyer concerne également la radicalisation des moines… Le mot « Rohingya » n’apparaît toujours pas cependant.

03/04/2017 - Le magazine GEO parle enfin en détail des Rohingyas

Puis de la page 102 à la page 119 on rentre dans le vif du sujet avec le reportage combinant textes et photos.

03/04/2017 - Le magazine GEO parle enfin en détail des Rohingyas

Les Rohingyas… les voilà ! « Loin des idéaux de non-violence et de tolérance attachés à leur religion, des moines fondamentalistes s’en prennent ouvertement aux minorités, à commencer par les Rohingya » . GEO mentionne enfin le sort de ces membres de la communauté musulmane.

Sur les pages 104 et 105, on retrouve la photo de Rohingyas à Sittwe, dans l’Arakan. « C’est dans cet Etat de l’ouest du pays que vit cette ethnie musulmane qui compte un million et demi de personnes. Apatrides, elles ne peuvent ni travailler ni circuler » .

GEO pointe du doigt les bonzes nationalistes qui souhaitent « préserver la « race » birmane » .

Birmanie, Sri Lanka, Thaïlande, Inde : rejet violent de l’islam

A partir de la page 109, le contenu rédactionnel devient de plus en plus intéressant. Ci-dessus, le visuel de gauche concerne la restauration des temples et à droite, le voilà… Celui qui a créé le Ma Ba Tha (Comité pour la protection de la race et de la religion) : le moine Ashin Wirathu aux « discours haineux » et aux « déclarations islamophobes » . GEO rappelle qu’il a justement fait la couverture du magazine Time avec pour titre de dossier « Le Visage de la Terreur bouddhiste » . Il est écrit qu’il attise les tensions communautaires ajoutant « le bouddhisme n’échappe pas à une dérive fondamentaliste qui s’est développée sur la base d’un rejet violent d’une autre religion : l’islam. En Birmanie, au Sri Lanka, en Thaïlande ou en Inde, certains moines incitent à la violence envers les musulmans, vandalisent leurs commerces et brûlent les mosquées » (comme surligné ci-dessous).

03/04/2017 - Le magazine GEO parle enfin en détail des Rohingyas

A la page 112, GEO nous précise que la minorité chrétienne subit également des violences. « Mieux vaut être bouddhiste » peut-on lire !

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Par ailleurs, des explications sont apportées sur la campagne 969 qui appelle à boycotter les commerces musulmans. Une vraie croisade est donc lancée. La journaliste Manon Querouil nous dresse un bilan préoccupant :

  • la minorité des Rohingyas ne fait plus partie des ethnies que reconnaît la Constitution depuis 1982,
  • les enfants rohingyas n’ont pas de certificat de naissance,
  • les camps et les villages affichent un décor de désolation,
  • ils sont apatrides,
  • l’usage du terme « Rohingyas » est source de polémique car ce terme serait purement et simplement une invention pour des immigrés illégaux !

Dans les témoignages collectés, on a celui d’une octogénaire : « Les musulmans se reproduisent à la vitesse de l’éclair pour mieux nous envahir. Nous avons besoin de Ma Ba Tha pour préserver notre race » . GEO évoque des émeutes de 2012 à la suite du viol d’une bouddhiste mis sur le compte d’un musulman. « Un point de fracture qui a marqué le début d’une série de massacres de Rohingya, accompagnés d’amalgames dangereux et de la crainte répandue d’une supposée progression de l’islam dans le pays » .

03/04/2017 - Le magazine GEO parle enfin en détail des Rohingya

Le bouddhisme est aussi source de fanatisme comme l’écrit GEO.

« Il vaut mieux épouser un chien qu’un musulman »

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Epouser un chien plutôt qu’un musulman est le discours tenu par le Ma Ba Tha parmi tant d’autres slogans islamophobes.

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La journaliste mentionne le fait que le porte-parole du Ma Ba Tha prenne de la distance avec les déclarations de Wirathu. Reste que le parti est en lien avec l’Union des moines patriotes qui lui ne veut pas de la venue de Kofi Annan pour une mission d’observation. C’est ce même groupe qui empêche l’Aïd el-Kébir d’être célébré en rachetant et libérant les vaches et moutons pour le sacrifice…

03/04/2017 - Le magazine GEO parle enfin en détail des Rohingya

Menaces, attaques avec des pierres, lynchage notamment sont mentionnés. Cimetière musulman rasé, mosquée que les musulmans n’ont plus le droit d’utiliser. Le racisme est aussi devenu ordinaire comme la haine. Deux femmes sont interviewées. Pour l’une, les musulmans sont des « fauteurs de troubles (…) Ils prétendent garder des couteaux dans leurs mosquées pour les sacrifices d’animaux, mais nous, nous savons qu’ils peuvent s’en servir à tout moment contre nous » . Elle voudrait voir la Birmanie débarrassée des musulmans. Pour l’autre, la simple vision des musulmans la met mal à l’aise, ajoutant « nous n’avons rien à faire avec eux » . Un imam a aussi été interrogé. Il déplore le fait d’être traité comme une menace pour la sécurité nationale. Il craint de marcher seul dans la rue et décrit ces « cartes vertes » qui privent les musulmans d’aller à l’université, de créer une entreprise, de se présenter à des élections.

03/04/2017 - Le magazine GEO parle enfin en détail des Rohingya

Dans ce reportage, la parole est donnée à un professeur de Rangoon, de confession musulmane. « Les bouddhistes restent des citoyens de première classe, les chrétiens, de seconde classe, les musulmans, de troisième classe. Quant aux Rohingya, ils sont carrément en enfer » .

03/04/2017 - Le magazine GEO parle enfin en détail des Rohingya

GEO ne manque pas d’élargir son analyse au Sri Lanka et à la Thaïlande. Au Sri Lanka, un appel a été lancé pour raser les sanctuaires soufis, attaquer les magasins halal, peindre des cochons sur les murs des mosquées.

C’est vrai… pas de photos des traitements que subissent les Rohingyas et des villages brûlés, montrant davantage la violence des moines extrémistes et de la population qu’ils ont réussi à séduire…  On aurait peut-être voulu voir plus d’éléments sur Aung San Suu Kyi, pourtant Prix Nobel de la Paix et qui reste dans l’attentisme ! Contrairement à décembre dernier, cette fois-ci GEO reflète la réalité des choses loin des beaux décors que les lecteurs ont voulu privilégier et que le magazine a relayé. Ca on peut l’admettre…

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